PLAN: La politique économique conjoncturelle
Les objectifs de la politique conjoncturelle
- Le carré magique de Kaldor.
- Objectifs de relance, objectif de rigueur.
La politique budgétaire
- Les principes.
- Les mécanismes.
- L'objectif de cohésion sociale.
La politique monétaire
- Les principes.
- Les instruments de la politique monétaire.
SYNTHESE: La politique économique conjoncturelle
La politique conjoncturelle vise à assurer l'équilibre en matière de croissance, d'emploi, de prix et d'échanges commerciaux. Ses deux principaux instruments sont la politique budgétaire, qui utilise le budget de l'État (fiscalité et dépenses publiques) pour agir sur l'offre ou la demande, et la politique monétaire, qui vise à contrôler la masse monétaire.
Les objectifs de la politique conjoncturelle
Le carré magique de Kaldor
Les quatre grands objectifs de la politique conjoncturelle sont:- Une croissance économique forte et durable;
- La stabilité des prix (limiter le développement de l'inflation) pour garantir le pouvoir d'achat et la compétitivité des entreprises;
- Le plein emploi de la main-d'oeuvre;
- L'équilibre des échanges extérieurs.
L'économiste britannique Nicholas Kaldor a représenté graphiquement la réalisation des objectifs à l'aide des quatre indicateurs.
En rejoignant les points, on obtient un quadrilatère qui représente d'autant mieux une situation économique favorable qu'il est proche du carré.
Ce carré est dit magique puisque aucun pays n'est en mesure d'atteindre les quatre objectifs en même temps car ils ne sont pas tous compatibles entre eux, certains étant même contradictoires (en particulier, le plein emploi et la stabilité des prix). Il est donc nécessaire de hiérarchiser les objectifs, c'est-à-dire de définir ceux qui seront prioritaires pour la conduite de la politique conjoncturelle.
Objectifs de relance, objectif de rigueur
La politique conjoncturelle est mise en place après une analyse de la situation économique du pays. En fonction de l'objectif recherché, on distingue la politique de relance et la politique de rigueur (ou d'austérité).
La politique de relance:
La politique de relance, d'inspiration keynésienne, a un objectif de stimulation de la croissance et de lutte contre le chômage.
Selon le principe keynésien, en période de ralentissement de l'activité économique, l'État doit relancer la demande (consommation et investissement) pour stimuler l'activité économique en distribuant des revenus, en augmentant la consommation publique et/ou en abaissant le taux d'intérêt (politique budgétaire et politique monétaire).
Mais la hausse de la demande peut se traduire par l'inflation si la production n'augmente pas suffisamment et une partie de la demande peut se porter sur des importations, ce qui déséquilibre la balance courante.
La politique de rigueur:
La politique de rigueur a pour objectifs la maitrise de l'inflation et l'amélioration du solde de la balance commerciale (il s'agit de rendre l'économie compétitive). La rigueur est salariale (freinage de la croissance des salaires), budgétaire (réduction des dépenses de l'État) et monétaire.
Ces mesures de rigueur ont l'effet inverse de la relance par la demande: elles diminuent la demande des ménages en freinant la croissance des salaires et la demande des entreprises en augmentant les taux d'intérêt. La demande devient inférieure à l'offre, ce qui fait baisser l'inflation. Par ailleurs, la baisse de la demande se traduit par une baisse de la consommation de produits étrangers (baisse des importations), alors que la diminution de l'inflation restaure la compétitivité prix et entraîne l'augmentation des exportations (les produits français sont moins chers).
Mais le ralentissement de la demande va diminuer la croissance et faire augmenter le chômage. (Une politique stop and go est une politique qui combine une politique de relance et une politique de rigueur.)
La politique budgétaire
Les principes
Le budget de l'État est voté chaque année par le Parlement, dans le cadre d'une loi de finances qui prévoit et autorise les ressources de l'État (impôts et taxes) et ses dépenses.
Lorsque les dépenses sont supérieures aux recettes, le budget est en déficit. La situation de déficit budgétaire se traduit par un recours à l'emprunt et par l'augmentation de la dette publique.
La politique budgétaire est une politique conjoncturelle qui a pour instrument le budget de l'État (dépenses publiques et fiscalité). Elle peut être orientée vers la relance par la demande (par le déficit budgétaire) ou, au contraire, vers l'assainissement de l'économie par le désendettement de l'État (réduction des dépenses publiques, rigueur budgétaire).
Dans la zone euro, les politiques budgétaires sont soumises au respect des règles du Pacte de stabilité et de croissance (PSC): les déficits budgétaires des États membres ne doivent pas dépasser 3 % du PIB.
Les mécanismes
L'effet multiplicateur du déficit budgétaire:
Le multiplicateur budgétaire est un multiplicateur keynésien: une augmentation du déficit budgétaire (accroissement des dépenses publiques ou baisse de la fiscalité) entraîne une variation amplifiée de la demande, et donc de la production nationale. Le multiplicateur peut agir par le biais des dépenses publiques, c'est-à-dire que l'État remplace l'investissement productif défaillant, celui des entreprises privées, par des investissements publics: par exemple, les politiques de grands travaux (cf. Roosevelt et le New Deal). Le multiplicateur peut aussi agir à partir d'une baisse d'impôts qui va redonner du pouvoir d'achat aux ménages et relancer ainsi la demande.
L'effet multiplicateur du déficit budgétaire n'est efficace qu'à condition que la propension marginale à consommer soit suffisamment importante et que la demande supplémentaire des agents économiques s'adresse en priorité aux producteurs nationaux, ce qui est loin d'être toujours le cas compte tenu de l'ouverture croissante des économies.
Le rôle de stabilisateur automatique conjoncturel du déficit budgétaire:
Les budgets publics enregistrent, en général, des excédents en phase de croissance de l'économie dus au caractère procyclique des recettes fiscales. En effet, les recettes tirées des impôts et des taxes appliqués aux revenus ou aux dépenses augmentent en phase de croissance. Par contre, ces mêmes budgets connaissent des déficits en phase de récession. Cela est dû au caractère contracyclique des dépenses publiques. En effet, les indemnités versées aux chômeurs augmentent en phase de ralentissement de l'économie.
Ainsi, toute augmentation initiale de l'activité est donc réduite par le fonctionnement des stabilisateurs automatiques. La situation est symétrique lorsque l'économie connaît un ralentissement: les dépenses d'indemnisation du chômage évitent une baisse trop brutale des revenus, et donc de la demande.
L'objectif de cohésion sociale
La cohésion sociale mesure la capacité d'une société à assurer le bien-être de tous ses membres, en réduisant les disparités et en évitant la marginalisation.
Tout objectif de cohésion sociale nécessite la lutte contre tout ce qui porte atteinte à la solidarité et à l'intégration des membres du groupe: la pauvreté, l'exclusion, les disparités régionales de l'emploi ou du niveau de vie, les insuffisances de la protection sociale, le manque de solidarité entre les générations.
Une mesure comme le RSA a vocation à accompagner les personnes sans emploi ou avec de faibles revenus d'activité, pour améliorer leur situation, favorisant ainsi la cohésion sociale.
La politique monétaire
Les principes
Les objectifs:
La politique monétaire cherche à contrôler la quantité de monnaie en circulation dans l'économie. Une politique monétaire restrictive a pour but la diminution de la masse monétaire pour lutter contre l'inflation, alors qu'une politique monétaire expansionniste a pour but l'augmentation de la masse monétaire pour stimuler la croissance.
La Banque centrale européenne:
La politique monétaire dans la zone euro est placée sous la responsabilité de la BCE. L'objectif final qui lui est assigné est la stabilité des prix. La BCE est la Banque des banques de la zone euro. Elle dispose du monopole de l'émission de monnaie fiduciaire (l'euro, monnaie unique européenne depuis 2002). Elle contrôle la création monétaire en augmentant ou en diminuant ses taux d'intérêt à court terme.
Les instruments de la politique monétaire
L'action sur les taux directeurs:
Le taux directeur est un taux d'intérêt fixé par la Banque centrale pour les opérations de refinancement des banques. C'est le prix payé par les banques pour acquérir de la monnaie émise par la BCE dans le but de satisfaire les besoins des agents économiques et de régler les soldes interbancaires.
La baisse des taux directeurs permet aux banques de se refinancer à moindre coût, elles peuvent à leur tour baisser leurs taux d'intérêt. Les crédits à la consommation étant moins coûteux, la consommation des ménages va augmenter, de même que le crédit au logement et le crédit aux entreprises se développent, favorisant l'investissement en logement des ménages et l'investissement des entreprises puisque certains investissements deviennent rentables.
Inversement, la hausse des taux directeurs diminue la création de monnaie par les banques, qui sont incitées à accorder moins de crédits puisqu'elles se refinancent à un coût élevé.
Les opérations d'open market:
L'open market est une technique d'intervention de la Banque centrale sur le marché monétaire qui consiste à fournir ou retirer des liquidités aux banques en achetant ou vendant des titres (en particulier des bons du Trésor).
L'achat de titres sur le marché monétaire entraîne l'augmentation du taux d'intérêt sur ce marché. En effet, la demande de titres augmente plus vite que leur offre, donc leur prix (c'est-à-dire le taux d'intérêt) augmente. Elle élève ainsi le coût du refinancement des banques et leurs offres de crédit aux agents économiques.
Inversement, en vendant des titres sur le marché monétaire, la Banque centrale provoque la diminution du taux d'intérêt puisque l'offre de titres augmente plus vite que leur demande, leur prix (c'est-à-dire le taux d'intérêt) diminue. Elle permet ainsi aux banques d'augmenter leurs demandes de refinancement et, à travers celles-ci, leurs offres de crédit aux agents économiques.
Les réserves obligatoires:
Les réserves obligatoires sont des fonds qui doivent être déposés par les banques auprès de la Banque centrale. Le montant de ces dépôts correspond, pour chaque banque, à une part des crédits qu'elle a accordés. Ces fonds ne sont pas rémunérés et servent d'instrument à la Banque centrale pour limiter ou encourager la distribution de crédit bancaire.
La Banque centrale définit un taux de réserves obligatoires. Ce taux se rapporte au montant des encours de crédit. Ainsi, si une banque accorde 100 € de crédits et que le pourcentage de réserves obligatoires est de 2 %, elle devra déposer 2 € à sa Banque centrale.
Si la BCE souhaite restreindre la création monétaire, elle augmente le taux de réserves obligatoires des établissements de crédit. En effet, si le taux de réserves obligatoires augmente, les banques doivent bloquer sur leur compte davantage de fonds et devront réduire leurs offres de crédit. Inversement, la diminution du taux de réserves obligatoires encouragera les banques à prêter davantage (augmentation de la masse monétaire).
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